Le tango, la voix chantée de l’ARGENTINE

Actualités 16 avril 2019 par telemartin.tv


Abrazo (l’enlacement), Cabeceo (l’invitation à danser), Compás (le rythme), Milonguero (celui qui a vendu son âme au tango) – ce petit lexique non-exhaustif illustre bien la passion qui anime les chanteurs, les danseurs et les amateurs de tango. Et si on pouvait apprendre l’espagnol à travers le tango ?

Tangueando Toulouse est une association qui propose depuis 25 ans des cours de tango argentin et organise régulièrement des bals dans la ville rose. Pour telemartin.tv, ses intervenants Virginia Uva, César Agazzi et Pierre Carraud dévoilent ce qui se cache derrière la sensualité de cette musique considérée comme l’âme de l’Argentine.

Quelle est la particularité du chant dans le tango ?

C’est un chant populaire qui est issu d’un mélange de cultures. Les musiques uruguayennes et les chanteurs italiens sont les influences principales. Les immigrants ont eu la volonté de s’exprimer. La personne qui synthétise tout cela et qui a créé le tango chanté à partir des airs de la pampa s’appelle Carlos Gardel. Le 11 décembre en Argentine a été décrété « Journée nationale du tango » en raison de la naissance de Carlos Gardel ce jour-là.

Le tango est-il un genre spécifiquement argentin ?

On peut dire que le tango est né dans le fleuve du Río de la Plata entre l’Uruguay et l’Argentine. La ville importante où à grandi le tango, c’est Buenos Aires dans les années 30. Les racines espagnoles, italiennes et dans une moindre mesure françaises ont façonné le tango. Cette musique a aussi sans doute des origines africaines en raison d’une forte population noire à l’époque en Argentine.

Est-ce qu’il y a encore aujourd’hui des chanteurs de tango ?

Le tango ne s’est jamais démodé. De jeunes chanteurs contemporains perpétuent la tradition en modernisant ce genre musical. Les artistes de tango sont très nombreux en Argentine.

Existe-t-il une rythmique propre à cette danse ?

Le tango en 1890 jusque dans les années 30 utilise deux pulsations par mesure (2/4). Dans les années 40, il a changé et est passé à quatre croches par mesure (4/8). Plus tard, avec le bandonéoniste Astor Piazzolla, les choses ont encore évolué. Il a composé et ajouté beaucoup de figures musicales stylistiques non conventionnelles.

Faut-il avoir l’accent argentin pour chanter correctement le tango ?

On trouve bien des ténors italiens qui chantent en Allemand à l’Opéra. Cependant au niveau interprétatif, les choses vont être plus difficiles pour quelqu’un qui ne maitrise pas les subtilités de l’argentin. Il y a cent ans d’histoire du tango. Le tango n’est pas seulement une musique, c’est une culture très attachée à Buenos Aires et à Montevideo. La charge émotive et sentimentale est très importante. Pour un chanteur européen, cette particularité est difficile à appréhender. C’est comme demander à un musicien classique d’aborder le jazz du jour au lendemain. Le feeling est déterminant. Pour en revenir à l’accent argentin il est plus simple que l’accent espagnol parlé en Europe. Par exemple, le Z et le C qui sont comme le th en anglais ne se prononcent pas. On prononce le S comme en Français. De même la Jota en Argentine est moins prononcée qu’en Espagne.

Le tango requiert-il une technique vocale particulière ?

Il y a des choses qui s’apprennent et des choses qui se sentent. Quelqu’un qui maitrise le chant lyrique aura plus de facilités. Néanmoins, il ne faut surtout pas qu’il chante comme en lyrique. Le tango reste un chant populaire qui se partage. Ensuite, il faut se concentrer sur les paroles, comprendre ce que l’on dit. Ça reste une musique fondée sur la transmission. L’interprète est au service de son texte.

De quoi parlent les chansons de tango ?

Beaucoup de thématiques sont abordées par le tango. Le public connaît l’aspect romantique mais ce n’est pas que ça. Les chansons parlent aussi de la solitude, de la nostalgie, de la jeunesse perdue, de la mort. Elles ont également une dimension politique et sociale depuis les années 40. Enrique Santos Discépolo est le poète et compositeur argentin de tango le plus reconnu dans le pays. Son œuvre dans la première partie du XXe siècle a défini le genre.

Pourquoi aller en Argentine écouter du tango ?

Parce que c’est là que se trouve la source de cette musique, qu’elle est la plus authentique. Le pays compte beaucoup de scènes ouvertes. Même les gens qui n’ont aucune expérience essaient car dans le tango chanté c’est l’échange qui prime. Une nouvelle vague de chanteurs est apparue. Ils évoquent des problèmes contemporains de manière très poétique. Le tango est omniprésent à Buenos Aires. La ville respire au son de ce genre musical. On le trouve dans les rues, dans les cafés, dans les taxis, dans les campagnes.

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