« Coco », un hommage à la tradition MEXICAINE d’El Día de los Muertos

Cinéma 16 avril 2019 par telemartin.tv


À l’occasion de la sortie le 6 avril du dernier Pixar en DVD, blu-ray et VOD, telemartin.tv vous propose un voyage enchanteur au cœur de cette commémoration des défunts. Elle a la particularité d’être célébrée avec gaieté. Une explosion de couleurs, de sons, de musique est au programme de la production Disney.

Le film en images de synthèse suit Miguel, un jeune mexicain qui voue une passion pour la musique et souhaite emprunter les pas de son idole.

Seulement, dans sa famille suite à un drame, les musiciens ne sont plus acceptés. Lors d’une dispute avec sa grand-mère, Miguel quitte le domicile familial et après des événements plus étranges les uns que les autres, il atterrit dans un monde parallèle, le Pays des Morts. Dans cet univers lumineux, resplendissant de mille couleurs, il découvre que les défunts qui avaient une existence sur terre prennent maintenant la forme de squelettes. Le récit traite habilement la problématique du deuil et de la mémoire. L’être aimé ne disparaît pas totalement au moment de son décès mais plutôt lorsque le souvenir de son passage parmi les vivants n’est plus entretenu. En cela, le film donne l’opportunité d’aborder le thème de la mort auprès des enfants.

Pour saisir les subtilités du film, il est important de faire un saut dans l’histoire aztèque du Mexique. La célébration d’El Día de los Muertos met en lumière la déesse Mictecacihuatl la « Dame de la mort » dont le mari veillait sur les os des défunts. Outre que prononcer son nom à voix haute est un excellent exercice de diction, on lui doit sans doute le caractère festif et joyeux particulièrement paradoxal pour un recueillement. Dans l’époque d’avant les Conquistadors, aux mois de juillet et d’août, les Aztèques se prosternaient devant un arbre, le xócotl. Ils le recouvraient ensuite de fleurs après avoir retiré l’écorce de l’arbre puis y déposaient de la nourriture ou des bijoux. Certains historiens pensent que cette journée a fini par s’amalgamer avec Halloween, notamment pour son côté horrifique et carnavalesque. La mondialisation engendre aussi des effets sur le plan religieux. Le Mexique, pays très catholique aurait également été influencé par le rite de la Toussaint puisque le Jour des Morts a maintenant lieu en novembre.

C’est devenu au fil des ans, une manifestation politique qui a pour but d’écrire un roman national quitte à se soustraire des réalités historiques. C’est un peu le « Nos ancêtres, les gaulois » qu’on apprenait aux petits français y compris dans les DOM-TOM.
L’aspect visuel compte énormément dans les célébrations. La vie sur terre n’est qu’une étape avant de basculer dans l’au-delà. L’exubérance latino-américaine remplace la sobriété européenne pendant le culte. Les Mexicains élaborent des autels aux couleurs vives d’une sophistication rare. Tout en haut de l’autel, les familles placent plusieurs portraits du défunt devant un miroir de manière à ce que le mort ne puisse contempler que le reflet des proches. Ce qui se remarque le plus ce sont les « calaveras », des crânes sous forme de bonbons, de chocolat ou de jouets. Il s’agit d’un hommage aux Aztèques qui conservaient les crânes de leurs ennemis comme trophées. Les bougies quant à elles tracent le chemin que le mort doit emprunter pour trouver son autel. Enfin, dernier signe qui frappe les non-initiés ce sont les « zempaxuchiti » (mots compte triple au scrabble) de magnifiques fleurs d’un orange très vif et les « cempasúchil » qui symbolise le soleil créateur de tout.

Ces traditions mortuaires populaires d’une grande beauté ont été reconnues en 2003 par l’UNESCO « chef d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité ».

La réalisation des Studios Pixar sensibilise bien à cette manifestation chère aux Mexicains. Choisir un héros qui joue de la guitare est une autre illustration forte puisque la musique est au cœur de la culture latine. On en joue dans les cimetières, face aux pierres tombales, dans les ruelles. Elle doit être entrainante et gaie car elle doit rappeler que la mort n’est qu’un doux prolongement de la vie. « Coco » est une déclaration d’amour à la famille et plus généralement aux anciens qui nous encouragent et nous donnent envie de créer donc de vivre. Cependant, le dessin animé encourage aussi l’esprit critique sur les histoires qui nous sont racontées par ceux qui nous veulent du bien.

Si parfois le film surfe sur les précédents succès du studio en reprenant les mêmes ficelles scénaristiques et émotionnelles, la magie opère toujours. L’hymne à l’amour et à la liberté qui paraitrait niais dans une autre réalisation devient par la magie de Disney et Pixar un message fort tant transpire le savoir-faire de l’émerveillement par l’image.

Jamais auparavant, un voyage au Pays des Morts ne s’était accompagné d’un tel bien-être.

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