La bamba, la fièvre latine du Rock’N’Roll

Culture 16 avril 2019 par telemartin.tv


Derrière la rythmique irrésistible qui a permis à des millions d’élèves de par le monde d’apprendre l’espagnol, il y a l’histoire d’une chanson qui prend naissance au XVIIème siècle au Mexique et qui a vu ses interprètes rencontrer le succès et la mort. Le récit d’un mythe de la musique orchestrée par telemartin.tv

Le groove inimitable de la bamba ne prend donc pas sa source dans le blues du XXe siècle mais dans un air traditionnel de Veracruz en 1683.

Son compositeur l’aurait créé en redoutant l’arrivée de pirates prêts à piller la région. Il entend dans une hacienda une femme demandant à son majordome de le suivre dans les marais pour fuir les brigands. Ce dernier lui répond : « Yo no soy marinero, pero aquí serré ». Finalement, les pirates accosteront ailleurs mais les paroles firent échos dans l’oreille du troubadour. Un couplet fameux était né. Le reste de la chanson évoquent avec ironie l’incompétence du vice-roi du Mexique à protéger ses habitants contre ces pirates. Le rock’n’roll et sa furie électrique ne débarquant que trois cents ans plus tard, c’est sur un air de cumbia que la chanson pris forme. La cumbia est un genre musical qui mélange les guitares sud-américaines aux tambours, flûtes et ocarinas.

L’origine du mot « Bamba » est un peu plus mystérieuse. Parmi les hypothèses, le terme dériverait de « bambarria » action qui ne sert à rien parce que trop tardive en référence à l’anecdote moquant le vice-roi mexicain. Le mot pourrait aussi prendre sa source dans le verbe espagnol « bambalear » qui signifie se dandiner. Il existe également une danse espagnole à l’époque appelée Bamaba.
Les paroles ont un peu évoluées avec le temps mais on y retrouve souvent « Para bailar la bamba se necesita una poca de gracia ». En effet, la chorégraphie sur cette chanson joue un rôle important. À l’époque, un des danseurs sur la piste lançait un foulard rouge. Il récupérait le tissu au sol avec ses pieds et le transformait en nœud. Il était ensuite imité par les autres hommes sur la piste et une compétition s’instaurait pour savoir lequel avait noué le foulard avec le plus de grâce.

Le premier enregistrement gravé sur disque est réalisé par Andres Huesca en 1908 sous le titre « Le mariage à Vera Cruz ». L’air est tellement populaire qu’en 1946, un candidat à l’élection présidentielle mexicaine utilise la mélodie pour sa campagne.
Mais celui qui a apporté une notoriété internationale à la chanson s’appelle Ritchie Valens. Il enregistre une version rock’n’roll pleine de bruit, de rage et en adéquation totale avec la révolution culturelle électrique qui secoue les Etats-Unis. Avec Ritchie Valens, la Bamba n’est plus une chanson mais un hymne qui va faire transpirer le monde occidental. De son vrai nom Richard Steven Valenzuela Reyes, Ritchie Valens est né en 1941 à Pacoima en Californie. Ses origines familiales sont indiano-mexicaines. Issu d’un milieu prolétaire, il se passionne très tôt pour la musique. Le Rock explose mais reste encore assez sage afin d’atténuer les critiques d’une frange puritaine de la population américaine. Ritchie Valens décide d’ajouter une note énergique et sauvage à ses compositions qui très rapidement hystérisent les foules. Lors d’une sortie à Tijuana au Mexique, il entend la bamba dans sa version traditionnelle. Il a alors l’idée de transformer la mélodie, d’accélérer le rythme et d’y ajouter sa voix puissante capable de couvrir plusieurs octaves. Quand il revient aux Etats-Unis pour monter sur scène, c’est un raz-de-marée, la jeunesse américaine est en transe. À seulement 17 ans Ritchie Valens devient un pionner du rock qui connaitra un destin tragique. Il évite de peu une catastrophe aérienne durant son enfance grâce à un enterrement qui lui a évité de prendre l’avion. Dans ses cauchemars, il se voit régulièrement à bord d’un engin aérien en feu. Ses rêves noirs étaient hélas prémonitoires. Après un concert, lors d’une tournée aux Etats-Unis, il est invité avec un autre musicien à prendre l’avion par Buddy Holly, une autre vedette du rock qui va lui aussi entrer dans la légende. Il reste seulement une place à bord. Ça va donc se jouer à pile ou face pour déterminer qui de Ritchie Valens ou d’une autre personne voyagera dans l’avion. Hélas pour Ritchie Valens, il gagne à ce jeu là. Le 3 février 1959, l’avion transportant Buddy Holly, Big Bopper (lui aussi chanteur de rock n’roll) et Ritchie Valens est pris dans une tempête de neige et s’écrase à Clear Lake dans l’Iowa. Après ce drame, il reste le souvenir d’une jeunesse en feu, trois idoles fauchés en pleine gloire que la postérité consacrera comme des dieux du Rock N’ Roll. La Bamba revisitée à la sauce U.S rentrent avec eux dans le panthéon du Rythm n’ blues, qui l’aurait crû.

Pour finir sur une note (de musique bien sûr) plus joyeuse, comment ne pas évoquer le buzz musical français de l’année 2009. « La Bamba Triste » de Pierre Billon est une chanson qui malgré son nom est tout sauf sinistre, c’est même un délire assez haut perché. Un genre d’hommage avec une nouvelle musique et des paroles du style « J’me sens comme un clip muet où les seuls mots intelligents viennent d’un académicien qui dit je flippe, je flashe, je suis cool et j’ai les moules ainsi que les boules maman », chanté par un personnage déguisé en Chuck Norris avec une moustache faisant du fitness. Une perle non-sensique à voir et revoir sur le net entre deux déhanchés chaloupés de la Bamba version Ritchie Valens.

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