Manu Chao, un artiste vagabond pas si clandestino

Culture 16 avril 2019 par telemartin.tv


Ses compositions parcourent le monde. Certains continuent d’apprendre l’espagnol grâce à lui. Mélangeant Rock’n’roll et World Music, l’ancien pilier de la Mano Negra est sans doute le seul artiste français (en dehors des DJ) capable de remplir les plus grandes salles à l’étranger. Les paroles de ses chansons essentiellement en espagnol en ont fait un chantre de la cause révolutionnaire en Amérique du Sud. Retrato.

La première carte de visite du chanteur s’écrit avec la Mano Negra.

Très inspiré par l’énergie brut du punk anglais notamment les Clash, le groupe a l’idée lumineuse de mélanger les cuivres issus de la musique mexicaine avec la saturation et la batterie ultra-rapide du rock. La musique de la Mano Negra détonne dans le paysage musical français dominé par les succès pop du Top 50 des années 87-94. La chanson Mala Vida issue de l’album Patchanka assoit la notoriété du groupe. C’est irrésistible, entêtant. Le dressing du chanteur révolutionnaire est déjà là : veste poncho multicolore et bonnet péruvien vissé sur la tête. Dans les cours de récré, les collégiens adoptent déjà le style. Pourtant les textes sont un peu plus fumeux et ponctués de slogans vides sur des boucles sonores répétitives. La posture étant plus importante que le contenu, la Mano Negra enchaine les succès avec un deuxième album « Puta’s Fever » qui contient les hits « King Kong Five » et « Pas assez de toi ». Le groupe assure sa stature polyglotte avec des morceaux enregistrés en français, en anglais, en espagnol et en arabe. Le combo de Manu Chao tourne dans une grande partie de l’Amérique du Sud. Le voyage est éprouvant et la Mano est aux premières loges pour contempler l’instabilité et les luttes sociales de ce continent. En 1993, un périple colombien accompagné de psychotropes achève l’unité du groupe. Manu Chao continue toujours sous le nom de la Mano Negra bien qu’il n’y ait quasiment plus que lui comme membre d’origine. Une nouvelle aventure commence pour le musicien aux racines espagnoles.

Virage à 180°, il se lance dans la techno hardcore. Il décide que « Clandestino » sera l’album qui scellera la fin de sa carrière dans la chanson. Et oui, aussi surprenant que cela puisse paraître, ce disque folk latino que nous connaissons tous était à la base un enregistrement plein de beats qui vrillent les oreilles. Un bug informatique efface tous les ajouts synthétiques et les boom boom des chansons. Résultat : il ne reste plus que les parties acoustiques. À quoi tient une carrière. Le CD arrive dans les bacs dans sa version épurée. 3 millions d’exemplaires seront vendus dans le monde. La carrière solo de Manu Chao commence là où elle aurait dû s’arrêter. Voici donc la panne informatique la plus rentable de l’histoire de l’industrie musicale.

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Bien que les radios FM ne passent pas ou peu ses chansons, Manu Chao avec des mélodies qui fusionnent reggae, rumba et rythmes brésiliens devient une icône de la World Music. En 2001 sort le deuxième album solo intitulé « Próxima Estación … Esperanza » qui est dans la même veine que le premier. Manu Chao entame alors une tournée. Le groupe qui l’accompagne « Radio Bemba » donne au chanteur l’opportunité de livrer en 2001 des concerts épiques et survoltés avec un passage dantesque à Bercy. L’absence de techno dans sa musique n’empêche pas le public d’être en transe.

Trois ans plus tard, changement de décor. L’artiste publie un livre CD vendu uniquement en kiosque « Sibérie m’était contéee ». 132 pages dessinées par Woźniak, un illustrateur polonais, servent d’écrin aux textes de Manu Chao. Le musicien chante pour la première fois intégralement en français. Les textes sont plus personnels. Il revient sur ses amours et ses désillusions mais l’espoir est quand même toujours présent. Durant cette année 2004, il produit le duo malien Amadou et Mariam. Les deux chanteurs aveugles deviennent également eux aussi des emblèmes de la World Music avec leur célèbre le « Dimanche à Bamako ».

En 2007, il annonce que « Radiolina » sera son dernier disque. Il continuera à faire de la musique mais il ne croit plus au format album et préfère proposer ses chansons en téléchargement libre sur son site web.

La vie de l’artiste est ponctuée d’engagements parallèles et de prises de positions politiques. Il s’investit dans une radio à Buenos Aires qui émet depuis la cour d’un hôpital psychiatrique. Du nom de « Colifata », cette station aux vertus thérapeutiques est écoutée aujourd’hui par 7 millions d’Argentins.

Dans les opinions du chanteur, on retrouve tout l’attirail de l’artiste altermondialiste. Il soutient le mouvement zapatiste et reprend dans deux de ses chansons des paroles du sous-commandant Marcos. Il est aussi une des cautions morales de l’organisation anticapitaliste Attac. S’il déclare dans les interviews ne pas aimer sa situation de porte-drapeau de la cause révolutionnaire, les créations de Manu Chao sont souvent reprises dans les manifestations d’extrême gauche de par le monde.

Et parce qu’un peu de distance et surtout d’humour vis-à-vis de tout cela fait toujours un peu de bien, telemartin.tv vous recommande chaudement d’écouter la chanson « Manu Chao » des Wampas et son « Moi aussi si je pouvais, j’irais bien jusqu’au Mexique boire de la téquila avec le commandant Marcos… »

 

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