« Everybody knows » la comédie humaine avec Pénélope Cruz et Javier Bardem

Cinéma 16 avril 2019 par telemartin.tv


Everybody knows d’Asghar Farhadi en compétition lors du dernier festival de Cannes explore les non-dits qui empoisonnent toute une communauté d’un village viticole de Castille. Une disparition fait voler en éclats les liens familiaux. telemartin.tv décortique un film aux intrigues à tiroirs porté par les deux plus grandes stars espagnoles du moment : Penelope Cruz et Javier Bardem.

Un scénario en forme de rubik’s cube

Amateurs de rebondissements, de points de vue multiples et de labyrinthes qui torturent le cerveau, vous êtes en terrain favorable avec ce long-métrage. Imaginez la rencontre improbable d’Alfred Hitchcock avec M. Night Shyamalan et Pedro Almodovar. Vous obtenez un drôle de mélange parfois fascinant, souvent déconcertant voire agaçant. Pour apprécier, il faut aimer se perdre avec l’assurance de ne pas trouver son chemin.

Une jeune femme (jouée par Penelope Cruz) débarque tout juste d’Argentine pour assister au mariage de sa sœur dans La Rioja (Nord de l’Espagne). Au cours de ce moment censé être joyeux, sa fille devient introuvable. En plus de l’atmosphère sinistre qui s’abat soudainement, c’est le comportement des convives qui surprend par son étrangeté. Le drame fait tomber les masques et ressurgir les blessures du passé. La brutalité des invités entre eux fait presque oublier ce qu’on suggère être un enlèvement. Le film est d’autant plus troublant qu’il rappelle le fait divers impliquant le crime de Nordhal Lelandais dont on a découvert la vérité quelques semaines avant la projection d’Everybody knows.

Une direction d’acteur qui se fait la malle

Les amoureux de Penelope Cruz en auront pour leur frais, elle est plus belle de films en films, si, si, c’est possible. Le temps n’a pas de prise sur elle. Elle a prouvé dans la série The Assassination of Gianni Versace, son talent à épouser un rôle à la perfection. Elle incarnait une Donatella (la sœur du couturier italien) plus vraie que nature. Le problème ici dans la fiction du metteur en scène iranien, c’est qu’elle en fait des tonnes. Elle déploie tous les tics ringards de la mauvaise comédienne, chute de larmes en cascade, main sur le front. Nous ne sommes pas loin de la caricature de l’actrice intello campée par les Inconnus dans leur parodie « Le Doutage ». Javier Bardem, l’autre tête de gondole se vautre aussi dans les clichés d’interprétation. Quant au réalisateur, il déploie comme autant d’images d’Épinal ses cadrages du village espagnol : la chaleur, la sangria, les bombas latina au sang chaud. On en vient à attendre la paella, le flamenco et Julio Iglesias. Tout est romantique, sensuel et enfiévré telle une telenovela brésilienne. Asghar Farhadi a le regard un peu niais d’un enfant qui découvre une nouvelle culture pour la première fois.

Le colonel moutarde avec le chandelier dans la cuisine

Heureusement tout n’est pas à rejeter dans ce film. Une des astuces scénaristiques intéressantes arrive quand le spectateur se demande s’il est vraiment face à un enlèvement. La multitude des protagonistes amène un côté Agatha Christie à cette fiction. Il y a un certain plaisir à être manipulé au gré des personnages.

A LIRE AUSSI : Don Quichotte au cinéma, une malédiction enfin levée ?

Une famille formidable

Everybody knows est surtout un film sur la famille. Le long-métrage évoque les non-dits qui s’installent dans une communauté et les tensions qui en résultent. Les frustrations et les colères rentrées deviennent encore plus pesantes que l’enlèvement de la fille de l’héroïne. Nous passons en un éclair de « Famille, je vous aime » à « Famille, je vous hais ». Et comme dans toute famille qui se respecte, les questions d’héritage (aucun rapport avec un rockeur suisse) viennent aussi alourdir les liens fragiles entre les personnages. Il est tout le temps question d’argent.

Santa Barbara + La bibliothèque verte = un bon film ?

Si voir un film d’un grand classicisme avec pléthore de schémas convenus ne vous effraient pas, vous prendrez quelques plaisirs à contempler les paysages et les lumières qui traversent le récit. Le réalisateur iranien a suffisamment d’atouts dans sa manche pour vous donner envie de le suivre jusqu’au bout. Certes, il était beaucoup plus inspiré dans ses précédents films tournés en persan. Everybody knows (todo el mundo sabe) grâce à telemartin.tv s’il est susceptible maintenant d’aimer ou pas le film.

Everybody knows d’Asghar Farhadi en salle en France depuis le 9 mai 2018.

Catégories & Etiquettes liées à cet article

Cinémaespagne

Les cookies assurent le bon fonctionnement du site. En utilisant ce dernier, vous acceptez l'utilisation des cookies J'accepte